Fodé SYLLA Groupe Areva(Chargé de mission
Fodé SYLLA
Groupe Areva
(Chargé de mission développement économique et social Afrique)
fode.sylla@areva.com
Le modérateur : Qu’est
ce qu’apporte Areva, premier groupe nucléaire français, à l’Afrique ?
Intervention de Fodé Sylla :
J’apprécie particulièrement d’être aux
côtés de la Cofades qui a toujours placé l’économique au cœur de ses actions.
Il est important de rappeler la nécessité de la diaspora d’être utile à
l’Afrique et la nécessité de développer le côté réseau. Beaucoup de jeunes
souhaitent être utiles à l’Afrique, et dans ce domaine, la Cofades a un rôle
important à jouer. Pendant des années, on a parlé de développement, mais ce
n’était que du saupoudrage d’aides sans suivi et qui permettait juste d’asseoir
les copinages et pérenniser les intérêts français en Afrique. Aujourd’hui, on a
ajouté le terme « co développement ». Il m’est difficile de
comprendre comment notre gouvernement peut lier la notion de co développement à
celle du retour des immigrés. Il est important de ramener les choses dans leur
contexte.
Après, il me semble important
d’inverser la question : plutôt que de se demander ce que peuvent apporter
les entreprises au développement de l’Afrique, il me semble plus pertinent de
se demander ce que les Africains ont fait pour que les entreprises françaises
se portent si bien en Afrique. Ce n’est pas aux entreprises à expliquer comment
lutter contre la pauvreté. Il faut se demander comment des pays qui ont des
ressources naturelles, des richesses et des capacités humaines en sont arrivés
là. Certes il y a eu des exploitations au mépris des structures et des cadres,
mais qui dit grosses entreprises en Afrique, dit main-d’œuvre, sous-traitants.
La méthode d’Areva est d’écouter les
gens et de recenser leurs besoins. Nous avons ainsi ciblé des problèmes de
formation et de MF. Un exemple : au Niger, nous nous sommes appuyés sur le
Crédit Mutuel pour créer la première mutuelle en plein cœur du désert qui
permet aux populations d’ouvrir un compte avec 5 000 FCFA et deux photos. Au
bout d’un an et demi, ces populations auront la possibilité de souscrire un
crédit tout en étant mutualiste, c'est-à-dire qu’ils prendront part aux
décisions de la mutuelle.
Un autre champ d’action est un projet
de relance de l’école des Mines de Niamey, car nous allons souvent chercher des
potentiels très loin alors que nous les avons sous la main.
Deux questions sont
essentielles : l’eau et l’énergie. Je réfléchis à une muraille verte qui
irait de Djibouti à Nouakchott.
Le modérateur : Et
concrètement ? Vous ne faites pas qu’écouter ?
Fodé Sylla : Depuis mon entrée en fonction à Areva
en octobre 2004, j’ai mené 3 actions : cette mutuelle au fin fond du
désert, un projet d’une centaine de forages, et l’accompagnement de 6 étudiants
de l’école de journalisme de Niamey à la CAN.
Question du public : L’économie
est forcément connectée à la politique. Pourquoi dans certains pays d’Afrique
sous tensions, il n’y a pas de développement alors même que sont présentes de
nombreuses grosses entreprises ?
Fodé Sylla : Je pense que les grosses entreprises
n’ont pas intérêt à aider les régimes autoritaires car ce n’est pas bon pour le
business. Le plus problématique, ce sont les diktats du FMI ou de la Banque
Mondiale. L’argent de la diaspora africaine représente 6 milliards d’euros.
Mais que faire si des migrants font construire des hôpitaux et que le FMI
interdit aux Etats d’embaucher du personnel soignant ?
(…)
Patrick Bidilou : Sans langue de bois, que font les
grandes entreprises pour lutter contre la pauvreté ? La pauvreté est
multiforme. En premier lieu, elle est politique et cela profite aux grandes
entreprises. Ce n’est pas l’ouverture d’une mutuelle en plein désert qui permet
de lutter contre la pauvreté. Il faut lutter pour promouvoir l’esprit
d’entreprise et non enfermer l’Afrique dans cette question de la pauvreté. Il
est indispensable que les multinationales collaborent avec des partenaires
locaux afin de favoriser les initiatives.
Fodé Sylla : Je reste à la disposition de la Cofades pour recevoir leurs propositions par écrit. Que la Cofades fasse des propositions noir sur blanc pour relancer des secteurs économiques dans différents pays, et elle sera assurée qu’Areva pourra apporter des réponses claires Et sur un plan plus personnel, je m’engage à mettre au service de la Cofades mon réseau, étayé, de directions RH afin qu’elle puisse mener à bien ses actions.
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